L’impression : de Gutenberg à la 3D !
Aujourd’hui, le principal critère de performance d’une imprimante 2D reste le nombre de pages imprimées par minute (PPM). Les imprimantes modernes affichent un PPM plus de 13 000 fois supérieur à celui de la première imprimante de l’Histoire de l’humanité, inventé par Johannes Gutenberg, en 1454. D’abord utilisée pour imprimer des copies de la Bible, la première imprimante de Gutenberg produisait environ six pages par jour, soit un PPM de 0,004.
L’imprimerie : le défi politique après le défi technique
Nous allons vous conter l’histoire de l’imprimerie depuis l’invention de Gutenberg jusqu’à la 3D. Si vous êtes plutôt intéressé par l’impact du digital sur l’impression, nous vous conseillons vivement l’article « Les métiers de l’imprimerie à l’heure du numérique » sur Futura Sciences.
Au 15e siècle, l’impression nécessitait un mélange de suie, de térébenthine et d’huile de noix et d’encre d’impression pour produire à peine six pages à très faible densité en 24 heures. L’impression était alors un genre d’arme d’Etat. En France, imprimer sans autorisation royale été passible de la peine de mort. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Gutenberg n’a pas été le premier à utiliser un système de caractères « mobiles ». Il a été prouvé que le système qui sous-tendait l’imprimerie moderne, l’automatisation en moins, a été développé en Chine, en Inde et en Corée plusieurs siècles auparavant. L’invention de Gutenberg a été au 15e siècle ce qu’internet a été au 21e siècle : un catalyseur de la diffusion des idées, des connaissances et du savoir. L’invention de l’imprimerie a jeté le premier jalon de la révolution scientifique.
L’imprimerie a été considérée dans de nombreux pays comme une menace pour l’ordre établi. Après le défi technique brillamment relevé par Gutenberg et son équipe, l’imprimerie devait alors relever un défi politique. A cela s’ajoutait la problématique de la maîtrise de l’impression des nuances entre le noir et le blanc… une problématique qui n’a été résolue que deux siècles après les premières expériences de Gutenberg, en rendant la surface de la plage métallique plus rugueuse pour un meilleur dosage de l’encre. L’imprimerie connaîtra des changements plus radicaux à l’aube du XIXe siècle pour accélérer la cadence d’impression (PPM) tout en améliorant la lisibilité des caractères imprimés.
Au 15e siècle, on aurait parié sur de la sorcellerie !
La presse à imprimer de Charles Stanhope inventée en 1800 a été la première machine à être entièrement fabriquée en métal. En conséquence, elle durait infiniment plus longtemps que l’imprimerie en bois et affichait un meilleur PPM malgré un bruit infernal. L’augmentation de la vitesse était également l’objectif de la presse rotative (1843), qui utilisait des impressions sur un cylindre pour imprimer en continu sur de longs rouleaux de papier. Mais c’est l’automatisation qui signera la révolution de l’imprimerie moderne. En 1834, un New-Yorkais, Darius Wells, inventa un moyen de production de caractères en série, qui restera à impulsion manuelle jusqu’en 1880, lorsque des ingénieurs américains mirent au point deux méthodes différentes de composition automatique des caractères : le Monotype et le Linotype.
Toutes deux étaient commandées par un clavier, mais tandis que les machines Monotype composaient une lettre à la fois, les imprimantes Linotype produisaient une ligne entière, ou « slug », en une seule opération. Le Linotype a été choisi par l’industrie de la presse qui était tenue par un objectif de performance au jour le jour, tandis que l’industrie du livre et de la littérature a choisi le Monotype qui facilite la révision et la correction des écrits. Mais le développement de l’impression n’était pas seulement une question de vitesse. L’impression lithographique (inventée par Alois Senefelder en 1796), la chromolithographie (1837) et la lithographie offset (1875) utilisaient des procédés chimiques innovants pour améliorer considérablement la clarté et la netteté de l’impression.
L’ère de l’ordinateur « grand public » allait changer l’impression à jamais, mais les travaux pionniers sur les imprimantes à jet d’encre que beaucoup d’entre nous utilisent aujourd’hui remontent déjà au début des années 1950. De même, l’imprimante laser est née dans un laboratoire Xerox en Californie en 1969, mais ce n’est qu’en 1984 que ces deux technologies ont été exploitées pour le marché commercial avec les imprimantes Thinkjet et Laserjet HP. Aujourd’hui, l’accent est mis sur l’impression 3D et la « fabrication » des objets par des imprimantes d’une nouvelle génération. Mais des améliorations silencieuses sont encore apportées dans l’impression traditionnelle, comme la technologie PageWide, où le papier se déplace sur une tête d’impression fixe pour une qualité hors-norme. Aujourd’hui, les 1 282 pages de la Bible de Gutenberg peuvent être bouclées en moins de 25 minutes. Au 15e siècle, on aurait parié sur de la sorcellerie.